Les maximes de Paul Grice


Maximes de Grice


La langue est un système fonctionnel, c’est-à-dire qui a une visée, un but. La langue est un moyen d’expression qui vise la réalisation de l’intention qui anime le locuteur tout en agissant sur l’interlocuteur. Cependant un locuteur doit respecter certaines  normes pour faire comprendre ce qu’il dit aux interlocuteurs. Le linguiste et le pragmaticien américain Paul Grice (1913- 1988) a mis au point quarte maximes dont le respect aboutira à une compréhension parfaite entre locuteur et interlocuteur.
« Selon Herbert Paul Grice, le discours est une activité réglée. Les participants au discours sont censés observer un principe très général appelé principe de coopération : le propos du locuteur doit être conforme à ce qu’on attend de lui, au moment où il intervient, à l’intérieur d’un échange discursif dont le but ou la direction sont partagés par les interlocuteurs.
Grice distingue en outre quatre catégories de règles ou maximes dont le respect devrait donner des résultats en accord avec ce principe. Reprenant les catégories du philosophe Emmanuel Kant, il les dénomme quantité (« Que votre contribution soit aussi informative qu’il est requis par le destinataire »), qualité (« Que votre contribution soit véridique »), relation (« Soyez pertinent* ») et modalité (« Soyez clair ») »1

Les maximes de Grice
La quantité :   Que votre contribution soit aussi informative que nécessaire ;
Supposons qu’un automobiliste vous demande un vendredi où se trouve une station d’essence et vous êtes au courant que celle-ci est fermée ce jour-là. Vous pouvez lui répondre de deux façons :
        Il y a une station d’essence à deux pas d’ici ;
        Il y a une station d’essence à deux pas d’ici mais elle est fermée le vendredi. (Cet énoncé respecte la maxime de quantité)
La qualité : Que votre contribution soit véridique ;
Supposons qu’une personne vous a demandé le score d’un match et que vous n’avez pas vu ce match. Vous pouvez donner deux réponses :
        Je ne sais pas ;  (Cet énoncé respecte la maxime de qualité)
        C’est la JSK qui a remporté le match. 
La relation : Soyez pertinent, parlez à propos ;
Supposons une discussion entre deux personnes :
        Marie : Quel est l’homme le plus riche au monde ?
        Jaques : La planète Mars est rouge.  (Cet énoncé ne respecte pas la maxime de relation)
La modalité : Soyez clair.
Soit la phrase : J’ai rencontré Paul et Jaques qui a m’invité à une fête.  On ne sait pas réellement à qui renvoie le pronom relatif « qui », à Paul ou à Jaques. Cet énoncé enfreint la règle de modalité car il génère une ambigüité chez l’interlocuteur.

Transgression de la règle
Il faut respecter les quatre maximes  pour mieux se comprendre  entre locuteur et interlocuteur. Cependant, il se peut que des transgressions aient lieu. Dans ce cas là, l’interlocuteur est amené à extraire une information supplémentaire pour réconcilier les propos du locuteur avec les maximes de Grice. 
Soit le dialogue : 
        Qui a remporté les élections ?
        Le journal est sur la table.
Le second énoncé semble n’avoir aucune relation avec le premier. En première vue la seconde réplique du dialogue enfreint la maxime de relation.  Cependant l’interlocuteur peut déduire avec l’aide du contexte une information supplémentaire, à savoir que la réponse à la question posée est disponible dans le journal. Paul Grice donne le nom d’implicature conversationnelle à cette information supplémentaire que déduit l’interlocuteur  pour concilier les propos du locuteur avec les fameuses maximes.

 [1] 100 fiches pour comprendre la linguistique, Dan Van Raemdonck et Gilles Siouffi, Paris, Bréal, 2012, p 51


Article réalisé par Zoubir Yahiaoui 


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